04/03/2020
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Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, la Ville a d'abord mené une enquête en 2018. Il y a deux ans, chaque midi, un enfant gaspillait alors 140 grammes de son repas. Un chiffre qui pouvait sembler anodin, mais qui, multiplié par 3 500 enfants en demi-pension, prenait une autre ampleur : ainsi, quotidiennement au déjeuner, une demi-tonne de nourriture partait dans les poubelles des écoles mérignacaises !

Réduire les déchets à la cantine avec "l'assiette citoyenne"

Suite à ce constat, la Ville a lancé en 2019 une expérimentation dans l'école du Parc avec les enfants pour réduire les déchets alimentaire : "l'assiette citoyenne". L'opération a permis de réduire le gaspillage en 2019 :

Face à ce premier succès dans l'école du Parc, l'opération est aujourd'hui déployée dans 4 autres établissements : Bourran élémentaire, Jean Jaurès 1 et 2, Arnaud Lafon et Marcelin Berthelot). Découvrez "l'assiette citoyenne" en vidéo :

« Nous avons cherché à comprendre les ressorts du gaspillage, les raisons qui font qu’un enfant refuse un plat. La plupart du temps, c’est parce qu’il n’en a jamais mangé avant ou que la présentation ne lui plaît pas. Des salsifis, des panais, une purée ou un flan de légumes auront forcément moins de succès qu’un plat de pâtes. Enfin, il ne faut pas négliger l’effet de groupe : le fameux “si mon copain n’aime pas, alors je n’aime pas non plus”. »
La direction logistique de la Mairie.

Paradoxalement, ce sont les plats les plus élaborés qui sont boudés : une terrine de poisson, une salade avec des dés de fromage ou un mélange sucré-salé... « Les enfants, dans le domaine du goût, sont très conservateurs » conclut-on à la direction logistique.

Un accompagnement des enfants et une valorisation des déchets par des associations

Les animateurs accompagnent les enfants à l’utilisation de ce matériel. Une fois qu’ils ont mangé, les élèves viennent déposer leur plateau sur la ligne du self et trient eux-mêmes leurs restes : le pain non consommé va dans le récup’pain, les déchets compostables sont isolés, les autres partent à la poubelle. Ainsi, ils prennent conscience « en direct » des quantités gaspillées et se bataillent même l’honneur de les peser pour devenir les héros de la cantine !

Les déchets sont ensuite collectés par une des associations partenaire de l'opération : Les Détritivores. L'association se charge de valoriser les biodéchets pour produire du compost. Pour la partie « sensibilisation », les membres de l’association interviennent aussi sur la pause méridienne afin d’expliquer aux enfants le principe et l’objectif de cette collecte.

Lutte contre le gaspillage avec les enfants : des actions de sensibilisation toute l'année

Pour faire évoluer les pratiques des 1 700 élèves concernés, des panneaux d’affichage ont été posés et les salles de réfectoire décorées : on y apprend de manière ludique à se servir les bonnes quantités, on comprend mieux le devenir des biodéchets, la gestion du pain, du bar à fruits... « Les enfants sont moteurs de toutes ces actions. Les plus grands n’hésitent pas à expliquer aux plus petits comment fonctionne la table de tri, par exemple. La mallette pédagogique et les jeux nous permettent de susciter leur intérêt pour le devenir des aliments, puis d’enclencher de nouvelles habitudes pour une alimentation plus saine et variée » résumet-on à la direction logistique.

La direction de l’action éducative est associée à la démarche, notamment avec les animateurs du périscolaire qui travaillent eux aussi sur des projets participatifs avec les enfants : dans le cadre des juniors du développement durable (le dispositif de sensibilisation à l’écocitoyenneté de Bordeaux Métropole), ils sont allés ramasser des déchets sur la plage. À l’école Arnaud Lafon, un jardin partagé utilisant le compost de la cantine a été créé. Le goût, le tri, le devenir des denrées... Chaque établissement s’approprie à sa manière et à son rythme les préceptes d’une alimentation plus saine et durable.

Un travail d'équipe pour la réduction des déchets

Dans cette démarche, la Ville peut compter sur des partenaires engagés : à partir de février, les personnels municipaux intervenant dans les écoles seront formés, en collaboration avec Bordeaux et le SIVU, sur des thématiques en lien avec le gaspillage alimentaire : présentation des plats, conduite d’un self, comment bien consommer sans viande...

L’agence de conseil en stratégies nutrition et santé Nutrikéo fournit des kits de jeu de l’oie et des 7 familles autour de l’alimentation. Dans les écoles, les enseignants profitent de cet élan pour orienter leurs cours vers le tri en général et les actions du développement durable. La mairie a d’ailleurs mis en place le tri du papier en flux dédié : l’idée est de récupérer dans des corbeilles spécifiques le papier, les chemises cartonnées et autres classeurs. Ensuite, le contenu est trié et valorisé par l’entreprise Elise, qui emploie des personnes en situation de handicap. À la rentrée, la banque alimentaire est venue expliquer aux enfants le parcours des denrées jetées pour rien, en insistant sur le fait que les aliments récupérés étaient redistribués à ceux qui ne mangent pas toujours à leur faim. Prise de conscience des élèves : moins gaspiller, c’est aussi mieux partager. La dimension sociale n’est pas oubliée !

  • le gaspillage moyen constaté par enfant a diminué de 24%.
  • La quantité de pain gâché a également baissé, passant d’une moyenne de 14 g/enfant à 9 g/ enfant, soit une baisse de 36%.