05/05/2022
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Carte blanche à 8 femmes photographes

L'agence VU' travaille depuis 1986 avec des artistes français et internationaux. Mérignac, soucieuse de soutenir la création et les artistes féminines, a donc sollicité l'agence pour élaborer sa nouvelle exposition. Mais qu'ont-elles en commun, ces 8 femmes issues de différentes générations et nationalités, investies dans des champs photographiques divers, voyageuses ou contemplatives, peu connues ou multirécompensées ?

« C'est vrai, leurs regards sur le monde, leurs parcours sont très différents. Pour trouver le fil rouge de l'expo, nous avons donc mis en valeur l'histoire singulière que chacune d'elles raconte », explique-t-on à la direction de la culture. Comme en écho à cette diversité de points de vue, la Ville a choisi d'exposer les oeuvres dans quatre endroits, tous différents : deux photographes seront exposées à la Vieille Église, une box sera réservée à une vidéoprojection dans la médiathèque, trois artistes auront les honneurs du parc du Vivier, tandis que deux autres investiront un nouvel espace à l'orée du bois du Burck.

À la Vieille Église

  • Dans sa série « Amour », Claudine Doury capte la vie des peuples natifs de Sibérie. Elle les a photographiés sur deux décennies pour témoigner du temps qui passe, qui fait et défait les familles bordant les rives du fleuve Amour.
  • Lauréate du prix Henri Cartier-Bresson en 2011, Vanessa Winship a, pendant plus d'un an, sillonné les États-Unis à la poursuite du mirage du « rêve américain ». Sa série « She dances on Jackson » alterne paysages et portraits pour mieux saisir ce qui lie un territoire et ses habitants.

À la Médiathèque

  • Avec « Family Love », Darcy Padilla traite de la pauvreté urbaine à San Francisco à travers un reportage au long cours dans le quotidien d'une équipe socio-médicale au plus fort de l'épidémie de sida. Elle y rencontre Julie et relate la vie de cette jeune femme, entre petits bonheurs, moments de grâce, violence et grande douleur. Regard sensible s'abstenir.

Au bois du Burck

  • Ancrée dans la nature, la série « Pays basque » d'Anne Rearick se compose de clichés pris entre 1990 et 2020 dans les montagnes d'Iparralde, une région qui cherche à préserver ses racines et son authenticité... Autant de thèmes qui traversent ses photos d'un lumineux noir et blanc, sans artifice.
  • La Finlandaise Arja Hyytiäinen a immortalisé de son objectif sa fille à des moments clés de son évolution : au milieu de ses jeux, de ses amis, avec ses petits animaux, au coeur de ses rituels, souvent poétiques, rudes parfois (son travail est visible à l'orée du bois du Burck, du côté du stade Cruchon).

Au parc du Vivier

  • Magali Lambert, en résidence à Mérignac de décembre à mai, explore et met en abyme deux facettes de la commune, à la fois urbaine et naturelle. Un exemple ? Un miroir posé contre un arbre dans le parc reflète les immeubles alentour et convoque la ville dans le parc, autour du plan d'eau, lui aussi miroir. Loin de s'opposer, les deux réalités se répondent. L'artiste organisera, sur ce même modèle, un workshop avec les enfants les 11, 12 et 18, 19 mai.
  • Maia Flore se met en scène et devient un élément central des paysages qu'elle photographie, ni complètement réels ni totalement imaginaires. Très graphiques, ses compositions visuelles évanescentes flottent sur l'eau du parc du Vivier...
  • Dans sa série « Gulu Real Art Studio », Martina Bacigalupo, qui a vécu 10 ans en Afrique de l'Est, a retrouvé dans les poubelles d'un ancien studio photo des portraits bon marché : des corps entiers dont les visages étaient découpés façon  photomaton alors que le reste avait été jeté. Reproduit sur des voiles qui se cachent et se révèlent au gré du vent, ce travail interroge les notions d'effacement et d'identité ; celle des personnes comme celle des peuples.

L'oeil de l'agence Vu'

« L'idée était d'avoir, non pas une exposition sur le regard féminin en photo - ce qui ne veut pas dire grand chose - mais sur huit parcours, huit regards, huit histoires particulières que chacune raconte à sa manière. Dans un monde où l'image est omniprésente mais où ceux qui la fabriquent ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur, et dans cette période où le secteur culturel français souffre, le soutien de la Ville de Mérignac est courageux et précieux. »

Patricia Morvan
codirectrice de l'agence VU', en charge des projets culturels et des expositions

À savoir

Si la situation sanitaire le permet, six des huit photographes seront présentes pour des rencontres avec le public, des tables rondes et des visites en vélo. Brigitte Patient, (la voix de la photo sur France Inter) présentera les oeuvres et les artistes dans ses petites capsules sonores (type podcasts).

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