13/05/2025

Mythologies, l'esthétique source de réflexion

Fascinée par les mythes grecs, la photographe Letizia Le Fur signe une fable écologique en trois chapitres – L’Origine, L’Âge d’or et Les Métamorphoses – imprégnée du fantasme d’une nature première. Un projet qui aura nécessité quatre ans de travail pour construire un univers suspendu entre beauté irréelle et inquiétude sourde, où « l’homme est un personnage secondaire dans cet environnement à la fois attirant et repoussant », confie l’artiste. L’idée est de
faire tomber les stéréotypes. « La nature n’est pas nécessairement telle qu’on l’imagine », souvent perçue comme une entité fragile à protéger, alors qu’en réalité : « On oublie qu’elle existait sans nous. » 

Dans sa série Décolorisation, la photographe prend une nouvelle fois le contrepied en s’attaquant aux clichés associés à Tahiti. Elle a choisi de photographier l’intérieur de l’île, loin des images de carte postale et gomme les couleurs pour ne laisser que des nuances de gris. Une manière de traduire ce qu’elle y a ressenti – une atmosphère diffuse, étouffée, marquée par les séquelles encore palpables de trente ans d’essais nucléaires.

Son parcours 

Diplômée des Beaux-Arts de Tours et lauréate du prix Leica/Alpine en 2018, l’artiste a d’abord été formée à la peinture avant de s’orienter vers la photographie. Depuis 2001, elle réalise également des campagnes publicitaires pour de grandes marques comme Air France, Ruinart, Clarins et travaille pour la presse pour Voyageurs du Monde, Psychologies Magazine, Le Parisien.

Vernissage le 15 mai à 19h

Exposition à découvrir du 16 mai au 27 juillet à la Vielle-Église et dans le parc du Vivier.

Le fur

La montagne qui marche, chroniques d’un littoral en mouvement

À l’image de Claude Masse, chargé par Louis XIV de cartographier l’Aquitaine, Sébastien Sindeu a documenté durant trois ans la transformation du littoral néo-aquitain et de ses écosystèmes soumis à l’érosion côtière. « À l’origine c’est une commande de l’ingénieur Vincent Masero qui souhaitait conserver une trace des travaux de réensablement de la dune à Soulac-sur-Mer », explique le photographe. Mais comme l’ingénieur du Roi qui, au-delà de sa mission officielle, annotait ses cartes de commentaires personnels, le photographe bordelais a enrichi son reportage d’une vision artistique. Mois après mois, il a observé le vent et les tempêtes d’hiver rogner la dune quand la main de l’homme s’efforçait de la protéger. À travers La montagne qui marche – expression empruntée à Masse pour désigner les dunes – il interroge ce paysage changeant, la mémoire des lieux et le rapport de ses habitants à un littoral en perpétuel bouleversement. Il en résulte une oeuvre artistique puissante sur notre lien à ces rivages, qui s’érodent avec le temps comme nos souvenirs. « Pourquoi construit-on sur du sable ? », s’interroge l’artiste qui saisit la lente avancée de la mer, la vulnérabilité de la faune et de la flore et l’absurdité d’un monde qui s’obstine à bâtir sur un sol mouvant.

En complément des photographies, un livre, des témoignages, des objets-souvenirs et cartes postales nourrissent ce récit sensible, mettant en écho la dune et ceux qui la pratiquent, la consomment ou la voient évoluer au fil du temps qui passe.

Son parcours

Après 15 ans de photojournalisme pour Le Monde, La Vie ou Le Nouvel Obs, Sébastien Sindeu a entrepris un travail plus personnel. Des marins abandonnés dans Le Quai de l’oubli (2003-2005) aux portes maritimes de l’Europe avec Détroits (2003-2010), il explore les liens entre l’homme et la mer. Depuis 2014, il saisit l’érosion du littoral en Nouvelle-Aquitaine. Une démarche qu’il poursuit aujourd’hui dans le cadre de l’inventaire du patrimoine culturel des communes littorales de la région.

Vernissage le 22 mai à 18h

Exposition à découvrir à la médiathèque Michel Sainte-Marie du 9 mai au 27 juillet

Sindeu

Deux approches différentes mais accessibles à tous
« Ces deux expositions dialoguent autour d’un même thème : la Nature. Chacun des artistes questionne notre implication sur ce monde. L’un explore le mouvement, l’autre fige cet environnement dans une posture onirique presque sacrée. Deux approches différentes, accessibles à tous, quelle que soit sa sensibilité à la culture grâce à notre programme de médiation. La Ville met les bouchées doubles pour que chaque public puisse s’approprier l’exposition suivant des formats de visite variés – philosophique, en langue des signes, familiales, en ateliers intergénérationnels – ou des parcours adaptés de la maternelle au lycée. »

Vanessa Fergeau-Renaux
Adjointe au maire, déléguée à la culture