L'info éco de la semaine à Mérignac

Fabien Darasse, directeur de l’usine Cooper Consumer Health

 Fabien Darasse détient un record insolite à Mérignac. Il y dirige en effet depuis juin 2015 l’usine historique de production et de conditionnement de la Bétadine, l’antiseptique n°1 dans le monde. Mais depuis dix ans, le site a changé 4 fois de propriétaire, et il a donc connu 4 employeurs différents.

Avant de rejoindre Mérignac, il connaît une première partie de vie sportive. Né en avril 1971, Fabien grandit à Toulouse, dans une famille où le père est musicien professionnel. La ville est aussi une terre de rugby et Fabien, plutôt doué avec le ballon ovale, devient champion de France junior avec le stade toulousain, avant de partir à Marseille pour une école d’ingénieur de chimie.

Il passe ensuite 5 ans chez Essilor, avant de rejoindre le laboratoire Pierre Fabre à Castres (Tarn), qui est déjà un groupe pharmaceutique international, leader dans la dermo-cosmétique et présent dans plusieurs dizaines de pays. Pierre Fabre lui permet de multiplier les missions et les expériences, mais surtout de prendre la direction d’un premier site de production dans la région de Buenos Aires, en Argentine, avant un retour dans le Tarn, puis une nouvelle direction de site à Gien, dans le Loiret.

Il rejoint Mérignac en 2015, quand Bernard Duzert, qui dirige l’usine Méda Manufacturing à l’époque, part à la retraite. Créée en 1968, avant le supermarché Carrefour et avant la rocade, par Georges Nègrevergne, l’usine, qui produit la Bétadine, le Sargenor et d’autres spécialités liquides et pâteuses, appartient au patrimoine – le bâtiment, classé, a été dessiné par Marcel Breuer, l’architecte hongrois du siège de l’Unesco à Paris – de la ville.

Le site, qui est quasiment situé au barycentre de Mérignac, fait également partie des acteurs économiques majeurs de la ville, avec plus de 220 salariés (250 aujourd’hui), un produit connu et exporté dans le monde entier, et un chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros en 2024.

Il suscite donc, de fait, des convoitises, puisque le site change de mains tous les trois ans, en étant successivement repris par Mylan, le leader mondial des médicaments génériques, Viatris, à la suite de la fusion de Mylan et d’une partie des activités de Pfizer, puis par Cooper (pour coopérative) Consumer Health, groupe français malgré son nom, dont le siège est basé à Melun.

Si chaque nouveau propriétaire investit dans l’usine, c’est à chaque fois une nouvelle culture d’entreprise et de nouveaux process. Dans ce contexte unique, le climat social reste bon et mobilisé, avec un encadrement stable et des équipes de production engagées.

La plupart des sites auraient sans doute perdus leurs repères. Pas celui de Mérignac. Fabien Darasse, sans doute trop humble pour s’en attribuer les mérites, évoque plutôt l’excellence de la production, la mobilisation face à la concurrence étrangère et les projets de développement qu’il souhaite pour le site et le groupe.