17/06/2025

Quels sentiments vous animent au moment de tourner cette page ? 

Alain Anziani : Je ressens à la fois de la gratitude et un sentiment d’inachevé. Être maire de Mérignac a été un grand honneur et une responsabilité de chaque instant. Ce que je retiens surtout, c’est la richesse des relations humaines que cette fonction m’a permis de tisser. Être maire est le mandat le plus exigeant. Il faut rester proche des habitants, à portée de voix – et parfois « à portée d’engueulade » ! Il faut aimer les gens sans distinction, rester ouvert à tous. Ce lien, presque charnel, avec la ville me manquera.

Que retenez-vous de ces années à la tête de Mérignac ?

AA : Je crois que nous avons pleinement assumé nos missions de service public. Beaucoup d’équipements scolaires ont été rénovés, d’autres ont été construits. Nous nous sommes dotés d’un stade nautique dont le succès dépasse toutes les prévisions avec un million d’entrées par an. Un Krakatoa de nouvelle génération est en chantier. Les centres sociaux ou maisons de quartier ont été réaménagés ou le seront prochainement tout en évoluant vers des maisons des habitants avec de nouveaux services. Je ne peux citer l’ensemble de nos réalisations (Maison de la petite enfance, crèches, hébergements des personnes âgées…).

Je mentionnerais tout de même la sécurité avec un nouveau commissariat co-financé avec l’État, les moyens renforcés attribués pour notre police municipale et la lutte contre les violences faites aux femmes avec la Maison des femmes. Malgré la crise sanitaire, notre ville aura investi 177 M€ depuis 2020, avec une forte augmentation ces dernières années. Nous avons répondu au besoin de logements tout en refusant de livrer la ville aux promoteurs. Avec Thierry Trijoulet, adjoint à l’urbanisme, nous avons refusé les permis créant trop de densité. À Pichey, un parc a été aménagé à la place d’un projet immobilier. Le nouveau quartier Marne Soleil fera évoluer une zone de bitume en un ensemble logements espaces verts services à la population. Le centre-ville est redevenu attractif et s’est végétalisé. Il continuera sa mutation avec un espace vert derrière la médiathèque Michel Sainte-Marie. 

L’extension du tramway avec la Métropole a facilité la vie de milliers de Mérignacais. Le prochain prolongement vers la gare constituera une nouvelle avancée. La voiture n’est pas bannie de la ville, mais désormais on peut se déplacer à vélo plus facilement et plus en sécurité. 

Enfin, nous relevons le redoutable défi climatique en créant 5 nouveaux parcs, en plantant 120 000 arbres dans le cadre du projet « Plantons un million d’arbres » que j’ai lancé en tant que président de la Métropole, mais aussi en nous dotant d’un réseau de chaleur et en généralisant les installations photovoltaïques dans les bâtiments municipaux. Notre ville a une forte identité. Terre d’entreprises et d’emplois, elle est aussi un territoire de solidarité, de mixité sociale et de refus de toute discrimination. 

La démocratie participative y est très vivante, y compris à travers un financement municipal qui permet aux habitants de choisir des projets conçus par eux. 

Nous avons pu également ne pas augmenter les taux de fiscalité depuis 2009. Mérignac a ainsi le taux de taxe foncière le plus faible des communes de plus de 20 000 habitants de la métropole.

« Être maire de Mérignac a été un grand honneur et une responsabilité de chaque instant. »

Alain Anziani
Ancien maire de Mérignac (de 2014 à 2025)

« Je porte une ambition pour Mérignac et les Mérignacais. Je sais pouvoir m’appuyer sur notre bon bilan et les nombreux talents de l’équipe. »

Thierry Trijoulet
Maire de Mérignac

Vous avez été le premier adjoint d’Alain Anziani pendant plus de dix ans. Quel regard portez-vous sur ce mandat ?

Thierry Trijoulet : C’est un bilan solide, construit dans la durée. Sous la houlette d’Alain, Mérignac a profondément changé. Nous avons agi sur tous les fronts : urbanisme, logement, sport, transports, environnement, lutte contre les inégalités, lien social... La ville a gagné en attractivité, mais aussi en qualité de vie. Ce bilan, j’en suis le dépositaire. Et j’en suis fier. 

Cependant, vous devenez maire dans un contexte particulier... 

TT : Ce n’est pas la façon dont j’imaginais devenir maire. J’aurais préféré d’autres circonstances. Alain est un fidèle compagnon de route, un ami. Sa décision est courageuse et digne. Lui succéder, c’est aussi porter ce qu’il a construit – et c’est un sacré défi, quand on sait que près de 85 % des Mérignacais sont satisfaits de son action !

Quel maire souhaitez-vous être ? 

TT : Ceux qui me connaissent savent que je préfère l’action à la communication. Mon style est sobre, direct, j’aime être sur le terrain et je veux continuer à incarner cette proximité avec les Mérignacais, avec humilité et détermination, en apportant ma propre vision et ma sensibilité personnelle dans la gestion de cette ville. 

La fonction de maire m’expose davantage, c’est vrai, mais je l’assume. Je veux porter une ambition pour Mérignac et les Mérignacais, mais je ne la porterai jamais seul. Pour mener à bien cette mission, je sais pouvoir m’appuyer sur notre bon bilan et les nombreux talents de cette équipe. Je veux construire l’avenir de notre ville dans la confiance et un travail partagé, car c’est dans la force du collectif que je puise mon engagement.

Et vous, Alain Anziani, que diriez-vous de votre successeur à celles et ceux qui découvrent aujourd’hui leur nouveau maire ? 

AA : J’ai une grande confiance dans l’homme : solide, intègre, humain ; Thierry est un élu d’expérience, profondément enraciné dans cette ville. Il connaît Mérignac, ses quartiers, ses habitants, ses dossiers. Il a été l’adjoint au sport de Michel Sainte-Marie, puis mon premier adjoint, en charge de l’économie et de l’urbanisme. Depuis que la maladie a limité mes déplacements, il m’a épaulé sans relâche. Il m’a même remplacé avec la loyauté et le sens des responsabilités qu’on lui connaît. 

Dans une ville comme Mérignac, qui a toujours cultivé le dialogue et la mesure, il a cette qualité rare : il sait rassembler. Il écoute et agit sans bruit, mais avec efficacité. Thierry incarne à la fois la continuité et une forme de modernité tranquille. Il fera un très bon maire, je le sais. 

Quelles seront vos priorités pour Mérignac dans les mois à venir ? 

TT : Mérignac bouge et je compte poursuivre cette dynamique. Je veux d’abord aller au bout des grands projets engagés comme le nouveau complexe sportif Léo Lagrange ou la redynamisation du centre-ville qui incarne le renouveau urbain de Mérignac pour une ville plus solidaire, plus fonctionnelle, mieux adaptée aux besoins de ses habitants et aux défis climatiques. 

La question de l’aménagement des quartiers est cruciale : nous voulons continuer de proposer une offre de logement accessible à tous, proches des services, des commerces et des bassins d’emploi, dans un environnement apaisé, avec de nouvelles mobilités et encore plus de verdure. 

Concernant le développement économique, fondamental à Mérignac, je poursuivrai notre feuille de route « Mérignac Terre d’emploi » pour accompagner les entreprises dans leur quotidien et, au final, faciliter la création d’emplois. 

Je veux aussi renforcer le lien social, notamment auprès des jeunes, dans les domaines de la santé, du sport et de l’éducation. La cohésion sociale reste un pilier de notre action. Enfin, nous continuerons de gérer cette ville avec rigueur. Pas de démagogie fiscale ni de dépenses inconsidérées. Au fond, je veux faire évoluer Mérignac, sans révolution : mon dessein est de faire grandir notre ville sans la dénaturer... Une ville solidaire, attractive, durable et moderne, à la hauteur des défis qui s’annoncent.

Quel rôle doit jouer un maire, aujourd’hui, dans une ville comme Mérignac ? 

TT : À l’heure où tout vacille et où les déclarations à l’emporte-pièce semblent être la règle, le maire doit rester un point d’ancrage. La mairie, c’est la proximité, la confiance, le concret. Je veux exercer ce mandat avec sérieux, sans effets de manche, en restant fidèle à ce que je suis et à ma méthode : écouter, dialoguer, agir... sans jamais perdre de vue qu’on est au service de la collectivité. C’est ainsi, je crois, qu’on tient une ville debout.