08/02/2023
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Artiste inclassable

Sur sa chaîne YouTube, peu de concerts, mais des interventions « décloisonnées » : sur le front de mer, dans un couvent, une salle de concert en Pologne, lors de la convention des SESSAD (Les services d’éducation spéciale et de soins à domicile) , où soudain un morceau classique interroge, déboussole. William Theviot, 29 ans dont 15 de conservatoire, n’aime rien tant que brouiller les pistes et bouger les lignes : « L’autisme est une différence psychique reconnue, inoffensive mais parfois génératrice de créativité. Or les artistes qui n’ont pas les codes sociaux sont en général mis de côté et oubliés », regrette le pianiste qui avoue n’avoir jamais eu de mentor car il ne se reconnaît en personne. 
« De quelle famille suis-je l’héritier musical, au sens où Bourdieu parlait d’héritage ? Je suis un orphelin. » 

Une citation fétiche

« On ne donne pas au public ce qu’il aime, mais ce qu’il pourrait aimer. »
Jacques Chancel.

À contre-courant

Résilient, le Mérignacais prend son bâton de pèlerin pour diffuser à petites touches, jamais en force, son message inclusif. Et va même jusqu’à réhabiliter des artistes mis au ban de la société juste « parce qu’ils n’avaient pas le profil ».


Sur son chemin, il a retrouvé la trace d’un compositeur mérignacais, Jean-Pierre Rivière, banni du conservatoire de Bordeaux dans les années 50 parce qu’il était homosexuel. « J’aimerais réhabiliter ses partitions pour les jouer à Mérignac et peut-être les intégrer à un corpus d’œuvres d’artistes différents ». Une liste dans laquelle il pourrait également inclure les partitions d’un moine compositeur de l’Entre-Deux-Mers dont il a ressuscité la musique, ou d’Édouard Kressmann, viticulteur et compositeur qu’il affectionne... À force de recherches, le pianiste s’est constitué un répertoire « décalé » dans lequel, face à son auditoire, il puise une partition et l’assortit d’explications historiques, biographiques. « Un public exigeant qui écoute seulement des œuvres convenues est-il si exigeant que cela ? Je pense au contraire que l’exigence doit nous pousser à rechercher des références autres que mainstream. C’est ainsi que progresse la musique ». Et William Theviot de rêver d’une plongée dans l’histoire musicale de Mérignac « trop peu explorée » pour en dénicher « des artistes outsiders et semer des graines nouvelles dans un biotope consacré.»

Un message ?

« J’aimerais rencontrer le pianiste malvoyant Pierre Le Bihan, qui s’est produit au Pin Galant. Si jamais il prend connaissance de cet article… »

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur William Theviot, consulter son site internet.